puisqu'il faut conclure... |
On a souvent l'impression dans nos campagnes, et peut-être particulièrement en Sologne que l'on a parfois assimilée à un désert archéologique, que l'histoire ne va pas plus avant dans le temps que les vieilles maisons à colombages du XVIIIe siècle, ou quand il y en a un, que le château du village dont on a entendu dire, dans le meilleur des cas, qu'il était bâti sur une ancienne motte.
Mes pérégrinations en forêt me font tenir un autre
langage. Une histoire ancienne, médiévale certes, mais aussi
gallo-romaine, halstattienne, néolithique se signale par des restes
abondants. Alors ?
Les forêts, entendons plutôt les forêts domaniales (quelques
propriétés abritent des choses intéressantes, mais...
chut), sont des conservatoires.
On y retrouve ce qui a disparu ailleurs dans les labours : les tumulus,
les petits tertres, les parcellaires bornant les fiefs, les ferriers.
L'homme y apparaît avec ses préoccupations
: s'abriter et disposer d'un point d'eau, fabriquer des armes et des outils,
se défendre, marquer son territoire, faire face à la mort.
Tout un patrimoine.
Mais, au delà...
La modernité, avec ses concepts de rendement, d'efficacité,
de rapport travail/production, mécanise de plus en plus l'exploitation
forestière. Au hasard des chablis qui, un jour ou l'autre, emportent
la moitié d'un petit tertre, s'ajoute le poids des engins de débardage,
leur capacité à traîner derrière eux un paquet
de grumes qui va agir comme une niveleuse, rabotant les tertres, les talus,
éparpillant les ferriers.
Ce patrimoine est menacé.
Quand
il est recensé, une préservation peut être mise en
place. Dans Boulogne, les restes archéologiques sont signalés
aux acheteurs de bois sur pied. Le bûcheron, le débardeur
sont avertis, et informés de quelques règles de bon sens
comme celle de ne pas franchir avec des engins, ou de ne pas traîner
des grumes sur les petites surfaces en cause. Un agent forestier assure
le suivi de cette préservation pendant les activités d'exploitation.
Depuis la fin de l'année 2003, une convention provisoire a été
signée entre la Direction Départementale de l'O.N.F. à
Blois et le Service Régional de l'Archéologie d'Orléans
par laquelle le S.R.A. prend à sa charge les frais engagés
par la mise en oeuvre de la préservation des sites et particulièrement
le temps passé sur le terrain par l'agent forestier spécialisé.
Pardonnez-moi cette bouffée de fierté, j'y vois une belle consécration de mon travail.
Il est évident que les prospections de surface réalisées n'ont pas permis de reconnaître tous les sites enfouis. Le grand nombre de nécropoles tumulaires sans habitat associé en est la meilleure illustration. Il serait stupide d'avoir le sentiment que cet inventaire est clos. Les prospections ne sont pas terminées : elles ne font que commencer.